Un dirigeant autodidacte
Michel Fruchet, directeur général de la coopérative Val de Sèvre (Vendée) spécialisée en palmipèdes à foie gras, a démarré sa carrière en tant qu'éleveur laitier.
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Dans quelques semaines, les quotas laitiers auront disparu. Ironie de l'histoire, c'est leur mise en place, en 1984, qui a déclenché le parcours atypique de Michel Fruchet. « Je me suis installé en Gaec avec mes parents en 1979, après un cursus Bepa, CPS et CCTAR en maison familiale. En 1984, nous étions en train de construire des bâtiments pour produire 450 000 l de lait. Notre référence a été de 240 000 l. » Contraint de trouver une solution, Michel Fruchet commence à gaver des canards pour le compte de celui qui est aujourd'hui le principal concurrent de Val de Sèvre, Euralis Gastronomie, avant de rejoindre le Groupement agricole des producteurs de l'Est vendéen (Gapev). « Fin quatre-vingt-dix, son directeur m'a demandé de passer le voir. Les conserveurs du Sud-Ouest nous remontaient des problèmes de qualité. Il voulait que j'assure le suivi technique des producteurs. » Michel Fruchet va accepter à la condition de pouvoir continuer à travailler à la ferme. « Cette situation, précise t-il, a duré trois ans jusqu'à la retraite de mon père et la mise en location de l'exploitation. »
L'envol du foie gras à l'Ouest
A l'époque, il n'est pas encore question de Val de Sèvre. La coopérative ne verra en effet le jour qu'au 1er juillet 1999, à la faveur d'une scission entre les producteurs de canards et le Gapev. Déjà directeur de leur groupement et de l'abattoir de canards (Sopadev), Michel Fruchet prend la direction de la coopérative qui s'installe alors à la Pommeraie-sur-Sèvre. « Dans ces années 1997-1998, précise t-il, notre production est passée de 1 à 2 millions de canards, nous nous sommes implantés en grande distribution et nous avons investi, en partenariat avec un conserveur de Dordogne, dans une chaîne de découpe. En 2001, nous avons aussi racheté le Canard du Midi, notre principal client, dans le cadre d'un partenariat 50/50 avec Vivadour. »
D'une formation terrain à la première promotion Aristée
Michel Fruchet se définit comme « un dirigeant autodidacte souvent sauvé par son esprit cartésien et pragmatique et qui a bénéficié d'un secteur en pleine croissance ». Pour autant, il considère que « l'école de la vie ne suffit pas toujours ». En 2002-2003, vingt-cinq ans après son Bepa et confronté à la logique des partenariats, il est donc retourné se former. « J'ai fait partie de la première promotion d'Aristée, la formation au management de niveau 3 Essec, mise en place par Coop de France. »
A Noël 2004, Val de Sèvre entérine sa fusion absorption dans le groupe Delpeyrat, filiale de Maïsadour. « J'entre alors au comité de direction stratégique d'une entreprise très organisée et c'est aussi le début de mes responsabilités professionnelles. » Trois à ce jour : au sein de Coop de France (Aviculture), de la Fédération nationale des découpeurs et du Comité national des abattoirs et découpe.
Sur le terrain, à la Pommeraie-sur-Sèvre, c'est un dossier méthanisation qui attend le dirigeant. « Cela fait trois ans que nous y travaillons pour une mise en service prévue fin 2016. » L'unité traitera des effluents d'élevages et une partie des déchets de l'abattoir. « Cela va permettre de libérer des capacités de production, aujourd'hui contraintes par les plans d'épandage », entrevoit celui qui, dans son rôle et à chaque étape de sa carrière, aura contribué à développer la production de foie gras dans l'Ouest.
Anne Mabire
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